Date: 24 octobre 2019
Source: Camer.be
L’arrêté ministériel anéantissant pour « nullité d’ordre public » le titre foncier délivré en 2017 au bénéfice Marius Nkenlifack, ancien chef supérieur, est remis en cause. Une confrontation qui semble renouvelée la guerre de succession les fils de Mathias Djoumessi.
Marius Nkenlifack, 92 ans, ancien chef supérieur Foréké-Dschang, destitué par décret du Premier ministre signé le 22 aout 2006 et expulsé manu militari du palais royal en date du 06 avril 2007, est loin de vivre une retraite paisible loin de la terre de ses ancêtres. Le lopin de terre d’une contenance de 1hectare 77 ares 11 centiares sise au lieu-dit « Lefock ou Fiala » et immatriculé par les soins de ce fils du ministre et dirigeant de l’Union des populations du Cameroun (Upc), Mathias Djoumessi, connait une nouvelle mutation juridique depuis le 17 septembre 2019. En effet, en cette date, Henri Eyébé Ayissi, ministre des Domaines, du cadastre et des affaires foncières (Mindcaf), a pris un arrêté constatant, en vertu des dispositions de l’article 2 alinéa 6 du décret n°76-165 du 27 avril 1976, la nullité d’ordre public du titre foncier n°5127 –Menoua établi au profit de monsieur Nkenlifack Marius.
Cet ancien chef supérieur conteste la décision ministérielle. Pour lui et ses proches, notamment Victor Ghislain Nkenlifack, le Mindcaf a été manipulé par certains dignitaires de la localité qui lui aurait fait croire que « le site en question était la place de l’indépendance de Dschang ». « Ma famille et moi ont été humiliés en public. Même quand on éjecte un roi sur son trône, on lui concède des droits en sa qualité de prince. Le site de l’actuelle gare routière de Dschang est le terrain attribué à mon père par le défunt chef Djoumessi Mathias. Plusieurs autres princes occupent des parcelles de terre dans les environs et connaissent une jouissance paisible. Mais mon père est persécuté par l’actuel chef et ses alliés décidés à se partager à titre de butins de guerre et des prébendes les domaines fonciers du village Foréké-Dschang », s’indigne Victor Ghislain Nkenlifack . Celui-ci fait observer qu’à Baleveng, un groupement loin de la ville de Dschang, le roi destitué dans les mêmes circonstances que Marius Nkenlifack a été recasé avec des privilèges liés à son statut de prince et d’ancien chef. Le sénateur Pr Anaclet Fomethé (ancien recteur de l’Université de Dschang et petit-fils de Mathias Djoumessi) et l’actuel chef supérieur Foréké-Dschang, Djoumessi Wamba III (fils de Edmond Djoumessi II, ancien chef Foréké-Dschang et successeur direct de Mathias Djoumessi) et Barnard Momo (ancien maire de la ville de Dschang) sont indexés comme « manipulateurs et calculateurs politiques» par les contestataires de l’arrêté ministériel.
Inversion des rapports de force
Pour soutenir leur contestation, Nkenlifack Marius et ses proches font savoir que le titre foncier n°5127-Menoua a été délivré régulièrement en aout 2017, après évacuation de l’opposition formulée dans les délais notamment par dame Kouakam Fodjo née Nguimekem Madeleine. A lire le bordereau analytique de ce titre foncier, il est mentionné que le procès-verbal de bornage a été clos et arrêté en date du 23 mai 1986 par Ikouti Elie, technicien du cadastre dument assermenté. Pour soutenir le caractère «paisible de sa jouissance », Nkenlifack Marius verse à son dossier une correspondance adressée en date du 24 novembre 2003. Dans cette lettre, il fait prévaloir ses investissements dans le sens de la mise en valeur dudit espace. Maison construite, kolatiers, manguiers, safoutiers, avocatiers et palmier à huile plantés sont évoqués par Marius Nkenlifack et ses proches pour soutenir son argumentaire. Le contrat passé entre lui et l’entreprise de travaux publics Edock Eter dans les années 1980 rentre dans ce registre.
En rappel, pendant cette période, Marius Nkenlifack investi chef du groupement Foréké-Dschang suite à un acte administratif au détriment de son frère Edmond Djoumessi II est contesté par une bonne partie de l’élite locale dont Bernard Momo, juriste chevronné en droit public. Celui-ci-qui à l’aube du multipartisme au Cameroun à l’orée des années 1990 porte pour un bref moment la casquette de secrétaire général de l’Union démocratique du Cameroun(Udc), un parti de l’opposition- pilote les hostilités au niveau de la chambre administrative de la Cour suprême en vue de la réhabilitation de Edmond Djoumessi II à la tête du village Foréké-Dschang. Marius Nkenlifack est alors étiqueté de « chef légal sans légitimité coutumière et populaire.»
Faut-il noter qu’en février 2008, suite à la destitution de Marius Nkenlifack de la tête du village Foréké-Dschang par décret du Premier ministre et son remplacement par Djoumessi Wamba III (fils et successeur coutumièrement désigné de Edmond Djoumessi II), les rapports de force s’inversent. Elu maire de la commune de Dschang en 2007 sous les couleurs du parti au pouvoir, le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc), Bernard Momo opte pour la transformation du site querellé en gare routière. Il est signé ainsi en date du 12 février 2008 un contrat entre la commune de Dschang et Djoumessi Wamba agissant en qualité de chef supérieur du groupement Foréké-Dschang. Cette convention stipule que l’autorité traditionnelle recevra un loyer mensuel de 400 000 FCFA. «Ces frais sont payables trimestriellement au propriétaire ». Ce qui révolte Marius Nkenlifack et ses proches.
Sommation d’huissier
Muni d’un titre foncier délivré sur l’espace en 2017, cet ancien chef supérieur de Foréké-Dchang recours au service de Me Foveng Guimdo Claude huissier de justice à Dschang.
Le 16 aout 2018, suite à la requête de Marius Nkenlifack, une sommation est servie aux particuliers et aux entreprises exerçant des activités commerciales sur l’espace. Les occupants «sans droit ni titre» sont sommés, dans un délai d’un mois, de quitter les lieux ou de se rapprocher du requérant ou de son mandataire en vue de la conclusion d’un contrat de bail.
En guise de riposte, son successeur à la tête du groupement Foréké-Dschang, Djoumessi Wamba III écrit en date du 16 mai 2019 au Mindcaf pour solliciter l’annulation du titre foncier n°5127-Menoua délivré en aout 2017 au bénéfice de Nkenlifack Marius. Au ministre en charge des Domaines, du cadastre et des affaires foncières, Henri Eyébé Ayissi, le requérant fait savoir que le site actuel de la gare routière de Dschang fait partie du domaine de la chefferie Foréké-Dschang et ne saurait être immatriculé par un individu, fut-il chef traditionnel au moment de sa demande d’immatriculation. Reste que les hostilités renaissent avec la contestation actuelle de l’arrêté ministériel du 17 septembre 2019 et portant annulation du titre foncier délivré au bénéfice de Marius Nkenlifack en 2017. Pour l’observateur, cette bataille remet à l’ordre du jour le feuilleton de la guerre de succession à la tête de la chefferie Foréké-Dschang suite au décès de Mathias Djoumessi, président de l’Upc et chef supérieur Foréké-Dschang dans les années 1960.
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