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News & Events Accès à l’eau dans l’est du Congo-RDC, un défi de santé crucial
Accès à l’eau dans l’est du Congo-RDC, un défi de santé crucial
Accès à l’eau dans l’est du Congo-RDC, un défi de santé crucial
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Pour briser le cercle apparemment sans fin de violences, de santé publique défaillante et de sous-développement, un accès équitable à l’eau est indispensable. Pour y parvenir, il faut réunir tous les acteurs politiques et techniques à la faveur de nouveaux partenariats public-privé.

Quand le volcan Nyiragongo est entré en éruption en mai dernier, dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), les dégâts ont été immédiats. Les coulées de lave ont englouti un réservoir d’eau et des canalisations, privant des centaines de milliers de personnes dans la ville de Goma d’un bien essentiel : l’eau.

À cette catastrophe est venue s’ajouter, à Goma comme à Kinshasa, une augmentation sensible des cas de Covid-19, avec l’apparition du variant delta. On comptait 30 000 cas à la fin du mois de mai. Les plus récentes statistiques de l’Agence de santé de l’Union africaine, Africa CDC, comptabilisent plus de 54 000 cas.

L’absence d’eau potable et les mouvements de population qui ont suivi l’éruption du volcan ont freiné la lutte contre la propagation du Covid-19 à Goma. Comment se laver les mains sans eau propre ? Les hôpitaux et les centres de santé pourraient rapidement être dépassés. L’eau, ou plutôt son absence, pourrait aggraver la situation.

L’eau, un problème de santé chronique dans l’est du Congo

Mais à Goma, la lutte pour accéder à l’eau n’a rien de nouveau. La partie ouest de la ville, sans réseau public de distribution d’eau, accueille régulièrement des personnes déplacées par la violence armée qui sévit dans la région depuis des décennies.

Or sans eau, une vie saine est impossible. Les épidémies d’origine hydrique s’y succèdent. À Goma, un représentant de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) avertit : « Si rien n’est fait, nous risquons une épidémie majeure de choléra. Elle fera plus de morts que celle de 1994, qui avait tué des dizaines de milliers de gens en quelques semaines. »

Dans un environnement de violence récurrente, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) travaille depuis des années à Goma pour préserver la santé publique. La vie quotidienne reste une épreuve. Nous voyons toujours la population essayer d’échapper à la pauvreté et au conflit armé, avec un accès limité aux services essentiels, et peu d’opportunités de vivre décemment de son travail.

Le recours aux compagnies privées pour les moins défavorisés

Mama Mika vit à côté du volcan. Comme elle n’a pas les moyens d’acheter de l’eau aux vendeurs de rue, cette femme se rend au lac Kivu quatre fois par jour, transportant à chaque fois deux bidons de 25 litres. « Si vous buvez de cette eau, je vous garantis que vous allez avoir la diarrhée, dit-elle. Vous devez aller à l’hôpital et payer les soins. Si nous avions de l’eau propre, nous pourrions nous occuper de nos enfants et trouver un vrai travail. »

Ceux qui peuvent payer se fournissent auprès de compagnies privées qui pompent l’eau dans le lac et l’acheminent par camion. Mais l’eau est pauvrement chlorée et bien plus chère que l’eau distribuée par le réseau. Quand ce dernier existe.

Nous devons adopter une approche nouvelle, plus ambitieuse et pérenne, si nous voulons briser ce cercle apparemment sans fin de violences, de santé publique défaillante et de sous-développement.

Les leçons des grandes crises sanitaires sont claires : il est beaucoup plus rentable d’investir maintenant dans un réseau solide de distribution d’eau que de réagir à des épidémies majeures de choléra. Selon l’OMS, chaque dollar utilisé dans le domaine de l’eau et de l’assainissement génère un retour d’au moins 4 dollars dans la sphère économique.

Un accès à l’eau à portée de la main

Voilà pourquoi nous avons lancé en 2019 le Projet « Eau pour Goma Ouest ». Notre but est de fournir de l’eau potable à plus de 300 000 personnes à l’horizon 2025. Cette entreprise d’envergure est estimée à 40 millions de dollars.

Bien que le CICR dispose de décennies d’expérience dans la fourniture d’eau potable, souvent dans des pays déchirés par la guerre, nous ne pouvons seuls mener à bien ce projet. C’est la raison pour laquelle nous créons des partenariats avec les gouvernements, des experts financiers, des entrepreneurs et d’autres organisations humanitaires.

Avec le concours de tous, un accès à l’eau, sur une base plus juste, équitable et durable, est à portée de main. Les femmes et les enfants seront libérés de la tâche ingrate de collecter chaque jour une eau douteuse. L’argent auparavant dépensé pour couvrir des frais médicaux et se payer une eau coûteuse servira à l’éducation des enfants et au développement de l’entreprenariat.

Un environnement plus sain peut générer de la croissance et apporter de la stabilité dans cette partie de la RDC, tout comme dans d’autres pays, comme le Soudan du Sud, la Libye ou le Nigeria, où nous pilotons des projets d’infrastructures similaires.

Public-privé, un mélange prometteur et nécessaire

Des partenariats novateurs peuvent apporter des réponses durables à des défis humanitaires complexes. Mais pour cela, nous avons besoin d’une vision globale et de la collaboration de tous les acteurs techniques et politiques, tout comme du soutien de la communauté internationale des donateurs.

Le financement des projets humanitaires sur la base de dotations purement étatiques est d’ailleurs devenu de plus en plus ardu depuis la crise financière de 2008. En parallèle, les besoins sur le terrain n’ont fait que croître. Et la pression exercée par la pandémie de Covid-19 sur les économies nationales ne devrait que renforcer cette tendance.

Certains disent que le mélange public-privé est contre-nature. Nous pensons le contraire. En gardant à l’esprit nos principes fondamentaux de neutralité et d’indépendance, nous explorons de nouvelles façons de travailler pour améliorer notre réponse sur une échelle plus large. Sans compromettre nos valeurs.

« D’abord ne pas nuire » est notre devise depuis plus de 150 ans. Cela ne va pas changer maintenant.

Face à la complexité croissante des situations dans lesquelles nous intervenons, et considérant les avantages potentiels que les bénéficiaires pourraient tirer de ces nouveaux partenariats et modèles financiers, nous croyons fermement que ne pas agir aujourd’hui équivaudrait à une faute morale.