Source: mediabask.eus
Par: Claire Legardinier, Iban Lalanne, Ana Carrere, Jose Rodriguez, Celine Cotinat, Markotx Elustondo
Date: 13/04/20
OPINION - Les signataires* de cette tribune saluent les initiatives nées en plein confinement afin d’assurer la continuité de la vente de la production paysanne. Ils appellent au soutien pérenne de la filière, créatrice de nombreux emplois mais confrontée à de multiples freins.
Nous travaillons depuis longtemps sur les circuits courts. Plusieurs d’entre nous ont participé à la création de structures sur le bassin de vie (Amap, Gustoki, Hendaiakoop) et nous sommes clients assidus de ces structures et du marché. La souveraineté alimentaire sur notre bassin de vie fait partie de nos préoccupations quotidiennes : produire, transformer et consommer local pourrait résumer notre volonté.
Lorsque la pandémie est arrivée, nous avons de suite compris que la demande allait exploser. Lorsque le confinement a été annoncé nous nous sommes rassemblés pour soutenir les laborari [agriculteurs, ndlr] afin d’écouler en urgence les stocks. Pour ce faire nous avons d’abord listé les paysans que nous connaissions et les avons appelés pour leur proposer nos services. Il est vrai qu’au moment de l’interdiction des marchés, les initiatives allaient dans tous les sens afin de soutenir les paysans mais il était difficile de s’y retrouver pour les consommateurs car tout le monde communiquait partout et très souvent les offres n’étaient pas disponibles sur Hendaye.
Nous avons vu l’initiative Lekukoa émerger le 24 mars, et du coup nous sommes rentrés en contact le jour même avec cette plateforme car il nous paraissait évident que c’était l’initiative la plus proche de nos convictions, celle qui va perdurer, celle la plus à même de favoriser le lien direct entre les paysans et les consommateurs, sans intermédiaire.
En effet, les paysans ont eu l’idée d’organiser des drive dans 20 villes du Pays Basque dont Hendaye, les structures BLE, Idoki, Euskal Herriko Laborantza Garbara et ELB (donc près de 400 producteurs) organisant ensemble la distribution de leurs produits.
Ces structures sont :
- les développeurs (aides à l’installation, formation des agriculteurs, mise en réseau) d’une agriculture paysanne sincère et citoyenne,
- les garants de la qualité (Idoki), d’une agriculture bio (BLE), la traçabilité faisant partie de leurs savoir-faire.
Bref, ce sont les interlocuteurs idéaux pour notre ville afin de mettre en place une cantine collective, aider des jeunes à s’installer, aider à la transformation. De nombreux emplois sont à créer sur notre bassin de vie.
Les freins pour l’installation sur le sud Labourd sont nombreux, moins d’aides publiques car ce territoire ne se trouve pas en zone montagne, peu de terres agricoles et un prix de la terre exorbitant pour pérenniser de nouvelles structures.
Les solutions pour installer des paysans sur notre bassin de vie sont donc d’abord politiques. Il faut une réelle volonté, plus de terres agricoles et des aides pour soutenir les paysans installés, ceux qui ont été touchés lors des tempêtes de cet hiver et un travail de fond avec les paysans et ces structures.
N’oublions pas, nous sommes au premier pic de la pandémie sur notre territoire, restons chez nous. Nous pouvons faire confiance à ces paysans pour continuer à nous nourrir mais après, ils et elles aussi auront besoin de nous.