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Comme la Préface l’a souhaité, ce document est conçu comme un plaidoyer. Son objectif, en effet, est de montrer pourquoi il faut aujourd’hui replacer la Convention de Lutte contre la Désertification au cœur des stratégies engagées pour affronter la crise montante de l’écosystème global. Son point de départ est un constat sans appel : la progression de la désertification et de la dégradation des terres et des eaux conduisent inéluctablement à un développement non durable (Chapitre I). Replacée dans ce contexte, la lutte contre la désertification et de la dégradation des terres et des eaux, prend une importance encore plus décisive. L’expérience, en particulier celle de l’UNCCD, montre que l’on dispose d’options nombreuses pour relever des défis désormais bien identifiés. Mais les mêmes expériences rappellent que la mobilisation des acteurs n’a pas suivi et qu’il faut s’engager avec une force nouvelle dans des approches que l’UNCCD recommande depuis l’entrée en vigueur de la Convention de Lutte contre la Désertification (Chapitre II).
La mise en œuvre des bonnes réponses est nécessairement associée à une gestion responsable des territoires et de leurs ressources en terres et en eaux. La promotion de nouvelles formes de gouvernance locale, interagissant avec la gestion durable et responsable des territoires, constitue, le plus probablement, la bonne réponse politique à ce défi. Le document en examine les implications en développant une réflexion sur le concept de gouvernance territoriale (Chapitre III). Les actions qui pourraient conduire à une gouvernance territoriale efficiente reposent sur des millions de décisions Le combat contre la désertification et la dégradation des terres implique donc une très grande capacité d’adaptation à la diversité des comportements des décideurs, une prise en compte des incertitudes de la complexité et une nécessaire souplesse des systèmes de programmation. L’identification des bonnes pratiques et des méthodologies adaptées constituent la base d’une stratégie de gouvernance territoriale (Chapitre IV).
Les approches pour une promotion de la gouvernance territoriale comme réponse opérationnelle aux défis posés par la désertification et la dégradation des terres et des eaux, ne peuvent, en aucune manière, être traitées sous l’angle d’une politique sectorielle. Pour de multiples raisons, ces approches sont dépendantes de l’évolution du contexte global dans lequel elles s’insèrent. Les équilibres de notre biosphère vont en effet connaître des changements importants, même dans l’hypothèse favorable d’une mobilisation mondiale pour en atténuer les risques à long terme les plus périlleux. Cette menace est globale, elle est multidimensionnelle et concerne aussi bien le climat que l’état de la biosphère, la sécurité alimentaire, la stabilité politique, le bien être des populations du globe. La crise globale appelle une réponse globale, engageant toutes les nations (Chapitre V).
Ces constats ramènent au propos de départ : la Convention de lutte contre la Désertification doit, impérativement, être replacée au cœur des stratégies pour sauvegarder notre environnement global. L’étude formule quelques recommandations pour donner tout son sens à la Stratégie de l’UNCCD en engageant les nations à reconnaître la qualité de bien public universel des terres et des eaux et pour mettre en pratique un concept de contrat écologique associant les gouvernements et les populations dans une gestion durable des ressources biophysiques de l’environnement (Chapitre VI).
Cette étude est soumise à l’attention des Parties après la publication, par l’UNCCD, de deux premières études, la première portant sur les rapports entre les droits de l’homme et la désertification, et la seconde sur la sécurisation des terres comme base d’une sécurisation environnementale globale. Bien qu’en reprenant certaines thématiques, elle se place dans une perspective différente. Elle part de l’idée centrale de la notion de territoire local. Toutes les manifestations de la désertification et de la dégradation des terres et des eaux affectent, en effet, des espaces occupés par des sociétés humaines. Ces sociétés projettent sur ces espaces leurs structures sociales, économiques et politiques qui définissent des territoires. La gestion des territoires est donc une sorte d’interface entre l’utilisation des ressources du territoire et les modalités politiques qui organisent la vie des hommes dans ces territoires. La gestion des terres, des eaux et de la biomasse est ainsi indissociable de la gouvernance.