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Ce numéro des Cahiers d’Outre-Mer traite d’une question classique de géographie politique, la relation entre ressources et conflits armés, dans un contexte original, celui de la République centrafricaine (RCA). Afin d’introduire les textes qui composent ce dossier, il s’agit d’abord de situer le cas centrafricain par rapport aux principales approches développées dans les sciences sociales sur la thématique des conflits et des ressources, et de trier celles qui semblent le plus opératoires pour éclairer l’imbroglio centrafricain.
Depuis les années 1990, nombre de travaux ont analysé les guerres civiles dans les pays en développement comme des « guerres pour les ressources », considérant que leur principal ressort est économique (Collier et Hoeffler, 1998 ; Kaldor, 1999 ; Ross, 2003 ; Auty, 2005). Les limites de ces approches, en termes de généralisation abusive et de déterminisme, ont été largement montrées par ailleurs (Marchal et Messiant, 2002 ; Kalyvas, 2003 ; Rosser, 2006). Les conflits de Centrafrique, comme les autres en Afrique (Hugon, 2003), ne sont pas exclusivement liés à des motifs économiques, mais allient à cette dimension des causes politiques (Chauvin, 2009 ; Lombard et Botiveau, 2012 ; Chauvin et Seignobos, 2013 ; Lallau, 2015 ; Marchal, 2015) et culturelles (Clermont, Martinelli et Penel, 2015) souvent ancrées dans l’histoire plus ou moins longue (Bégin-Favre, 2008).
Depuis 1996, la Centrafrique connaît des conflits armés multiformes qui se mélangent avec des relations d’assujettissement aux origines plus anciennes (Bazin et Terray, 1982) comme la razzia et le grand banditisme des coupeurs de route (Chauvin et Seignobos, 2013)…