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News & Events Dongria : Première grande victoire du peuple indien face au géant et envahisseur minier !
Dongria : Première grande victoire du peuple indien face au géant et envahisseur minier !
Dongria : Première grande victoire du peuple indien face au géant et envahisseur minier !
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Date: 26 mai 2016


Source: La Relève et la Peste


Habitant depuis des temps immémoriaux sur les pentes du Niyamgiri, dans l’état indien d’Odisha, la tribu Dongria Kondh a remporté une victoire qui n’est pas à la portée de tous : bouter la société d’exploitation minière Vedanta Resources hors de ses terres. 


Un peuple qui vit en harmonie avec la nature


Les Dongria cultivent les collines de Niyamgiri depuis des dizaines de générations. Disséminés en plusieurs villages sur les collines, ce peuple pacifique vit encore en autarcie, coupé du monde. Ils tirent leur autonomie alimentaire de la récolte abondante de fruits et légumes que leur fournit la forêt – qu’ils connaissent comme leur poche – mais aussi leur agriculture. Ananas, mangues sauvages, fruits de jacquier, miel : toutes ces ressources que la terre leur fournit, ils pourraient bientôt les perdre.


Et pour cause : depuis une décennie, la tribu des Dongria vit dans la peur constante d’une expulsion, au profit de l’implantation du géant minier Vedanta Resources. Celui-ci veut construire une raffinerie de bauxite à ciel ouvert sur les terres de la tribu. Ce minerai, qui sert à fabriquer l’aluminium, est très prisé : la firme Vedanta espère extraire plus de 2 milliards de dollars de bauxite dans les monts Niyamgiri.


La tribu ancestrale, dont le nom signifie « colline », ne l’entend cependant pas de cette oreille : dans leurs croyances, leur montagne est sacrée. Elle abrite le dieu Niyam Raja, qu’ils vénèrent. Il n’est donc pas question d’abandonner ces monts à l’exploitation industrielle, qui en détruirait la beauté, annihilant la faune et la flore.


L’écosystème en danger


Anil Agarwal, milliardaire indien et fondateur de Vedanta Resources, met en effet tout l’écosystème des monts Niyamgiri en danger, par son projet. Peu respectueuse de l’environnement et des travailleurs, l’exploitation minière fonctionnerait 16h par jour, 6 jours par semaine et ce, durant 23 ans. Une exploitation forcenée qui impacterait négativement l’environnement, de multiples manières.


Tout d’abord, l’afflux des travailleurs de la mine, ainsi que leurs outils (machineries lourdes, camion, etc.) provoqueraient des dommages irrécupérables sur sa faune et sa flore. Une partie de la forêt devrait obligatoirement, qui plus est, être rasée pour l’installation de l’usine. Déjà fragilisés par l’implantation de l’usine et le trafic important, forêt et animaux seraient décimés aussi par une consommation excessive de bois pour le chauffage et de nourriture.


D’autre part, les raffineries de bauxite rejettent une boue rouge très toxique. En séchant au soleil, cette boue devient une fine poussière, qui s’infiltre dans la terre et contamine les nappes phréatiques. A partir de cela, tout l’écosystème de la région pourrait s’en trouver bouleversé.


Un coût humain trop élevé


A cette dégradation de l’environnement s’ajoute un coût humain trop élevé. La boue rouge et ses particules, précédemment évoquées, provoquent des affections cutanées chez les peuples habitant près des raffineries de bauxite, mais rendent aussi leurs bêtes malades et endommagent leurs cultures.


Ce ne sont pas ici des spéculations, mais des faits avérés, puisqu’ils ont pu être constatés suite à l’implantation dans la ville de Lajigarh d’une autre raffinerie du groupe. Déforestation interdite, habitants malades, bêtes désorientées : c’est cela la véritable réalité de l’exploitation de bauxite. Là-bas, le village de Kinari a été complètement détruit ; les familles ont été déplacées dans des maisons bétonnées, entourées de barbelés, où elles ne  disposent pas de terres cultivables. Un destin dont les Dongria ne veulent pas.


La lutte s’organise


Depuis une dizaine d’années déjà, la tribu est en guerre contre la société d’Anil Agarwal. Mobilisant les médias et la communauté internationale, ils ont su émouvoir des ONG, comme Survival France qui, depuis, lutte à leurs côtés. A grand renfort de film – Mine, court métrage, a été réalisé dans le but de sensibiliser le grand public – et de rapports envoyés à l’ONU et à l’OCDE, l’association a déjà réussi à faire bouger les choses : plusieurs actionnaires, dont le gouvernement norvégien ainsi que l’Eglise d’Angleterre, ont désinvesti du projet.


La lutte des Dongria a aussi su toucher le grand public, qui voit en cette tribu une incarnation du peuple Navi imaginé par James Cameron dans Avatar. Et déjà, en 2013, leur persévérance avait été récompensée, puisque la Cour Suprême indienne avait statué que les Dongria devaient décider eux-mêmes d’autoriser ou non de l’exploitation minière de leur territoire. Proposition à laquelle ils avaient, bien entendu, répondu non.


Une nouvelle victoire pour le peuple des montagnes


De nouveau, l’entreprise Vedanta avait envoyé une énième demande de référendum au gouvernement local, concernant l’implantation de la mine. Demande qui vient d’être rejetée par la Cour Suprême, donnant de nouveau raison à la tribu des Dongria. Le juge saisi de l’affaire a statué : « On ne peut pas briser la foi de ces gens. Ils considèrent que leur dieu réside au sommet de cette colline. Peut-on leur dire ’déplacez votre dieu dans un autre lieu?’ Banissez-vous Dieu ? »


Une belle victoire, pour ce petit peuple, face au géant minier que constitue Vedanta Resources. Cependant, tant que l’entreprise n’aura pas totalement abandonné le projet, il leur faudra continuer la lutte.