©PAM/Alessandro Abbonizio (CC BY-NC-ND 2.0 DEED)
En garantissant l’égalité dans le domaine des droits fonciers, nous protégeons la terre et faisons progresser l’égalité des genres, a déclaré le Secrétaire général de l'ONU, António Guterres, dans un message vidéo, exhortant tous les gouvernements à éliminer les obstacles juridiques qui empêchent les femmes de posséder des terres et de les impliquer dans l'élaboration des politiques.
La terre nous est précieuse pour survivre ; pourtant, nous la traitons comme si elle ne valait rien, a ajouté le chef de l'ONU, soulignant la nécessité d'agir.
L’accès des femmes aux terres n’est pas seulement une question de droit, c'est avant tout une question de dignité.
- Ibrahim Thiaw
Les femmes représentent près de la moitié de la main-d'œuvre agricole mondiale, mais les pratiques discriminatoires liées à la propriété foncière, à l'accès au crédit, à l'égalité de rémunération et à la prise de décision les empêchent souvent de participer activement à la préservation de la santé des terres.
Aujourd'hui, moins d'un propriétaire foncier sur cinq dans le monde est une femme, selon la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification (CNULCD).
« C'est la moitié de l'humanité qui est plus ou moins discriminée », a déclaré Ibrahim Thiaw, Secrétaire exécutif de la Convention au micro d’ONU Info.
« Lorsqu'il s'agit de l'enregistrement et de l'appropriation des terres, les droits fonciers des femmes sont loin d'être égaux par rapport aux hommes », affirmé M. Thiaw, expliquant que « lorsqu’on n'a pas le droit foncier sur une terre on n'optimise pas sa production ».
« On dégrade davantage la terre plutôt que de la gérer, a-t-il continué, « et lorsque la terre est dégradée, ce sont les populations les plus vulnérables qui sont les premières victimes. Et ce sont essentiellement les femmes et les enfants ».
Les femmes ont moins de contrôle
« Les pratiques agricoles non durables abîment nos terres à une vitesse 100 fois supérieure au temps qu’il leur faut pour se régénérer naturellement. La planète compte désormais 40 % de terres dégradées : ce qui met en danger la production alimentaire, menace la biodiversité, et aggrave la crise climatique », a fait valoir M. Guterres.
« Ce sont les femmes et les filles qui sont le plus durement touchées », a-t-il précisé, ajoutant qu' « elles souffrent de manière disproportionnée du manque de nourriture, de la raréfaction de l’eau et des migrations forcées qu’engendrent le traitement désastreux que nous infligeons à la terre » alors que « ce sont elles qui ont le moins de pouvoir » .
Ensemble, mettons un terme à la dégradation des terres d’ici à 2030
- António Guterres
« Ce sont elles qui vont chercher le bois de chauffe. Ce sont elles qui vont chercher l'eau à boire. Et lorsque la terre se dégrade, les moyens de production sont beaucoup plus faibles et donc les revenus des familles sont affectés », a indiqué Ibrahim Thiaw.
« Mais lorsqu’elles sont propriétaires foncières et qu'elles ont un revenu important, les premiers bénéficiaires sont la famille, les enfants, l'éducation des enfants et leur habillement », a souligné le Secrétaire exécutif.
Appelant à soutenir les femmes et les filles pour qu'elles jouent leur rôle dans la protection de « notre ressource la plus précieuse", le chef de l’ONU a déclaré : « Ensemble, mettons un terme à la dégradation des terres d’ici à 2030 ».
Cette terre est #HerLand
En amont de la Journée internationale, la CNULCD a lancé la campagne #HerLand [SaTerre au féminin] pour sensibiliser le public au fait que les femmes font la différence aujourd'hui et aux défis à venir.
Lorsqu'elles bénéficient d'un accès égal, les femmes et les filles peuvent augmenter la productivité agricole, restaurer les terres et renforcer la résilience à la sécheresse, selon la CNULCD.
Au début de l'événement de haut niveau, Inna Modja, chanteuse malienne et ambassadrice de bonne volonté de la CNULCD a interprété en première mondiale la chanson « Her Land » pour marquer cette journée.
« En tant que femme, artiste et militante pour le climat et la justice sociale, je pense qu'il est vital d'autonomiser les femmes et les jeunes et de promouvoir l'égalité des sexes. dans la lutte contre la désertification et la dégradation des terres », a-t-elle déclaré. « Ensemble, nous pouvons créer un avenir meilleur et durable ».
Des intervenants de haut niveau, des femmes leaders, des scientifiques de renom, des activistes fonciers et des représentants de la jeunesse ont convenu que beaucoup avait été fait mais que des efforts supplémentaires étaient nécessaires pour uniformiser les règles de la propriété foncière.
Tarja Halonen, ancienne présidente de la Finlande et ambassadrice de la Convention sur la diversité biologique, a déclaré qu'il fallait agir maintenant.
« Résoudre les inégalités entre les sexes n'est pas seulement une bonne chose à faire », a-t-elle déclaré. « Si nous veillons à ce que les femmes soient pleinement capables d'utiliser leurs capacités, leurs connaissances, leurs talents et leur potentiel de leadership, nos sociétés s'en porteront tout simplement mieux. ».
Un travail inachevé
« Lorsque les agricultrices ont accès à leurs propres terres, elles se développent davantage et leurs nations aussi », a déclaré Csaba Kőrösi, président de l'Assemblée générale des Nations Unies. « Le renforcement des droits fonciers et de propriété des femmes accroît la sécurité alimentaire et réduit la malnutrition ».
« Ces changements positifs ont un effet d'entraînement », a-t-il ajouté.
« Ce qui nous manque, ce sont les décisions politiques et les mesures qui reconnaissent leur rôle dans la gestion des terres », a-t-il déclaré. "Nous devrions faire de notre mieux pour éliminer les obstacles à la participation des femmes à la prise de décision.
Le Secrétaire exécutif de la CNULCD a quant à lui déclaré que cette Journée de la désertification et de la sécheresse visait à mobiliser la communauté internationale dans cette direction.
« De toutes les inégalités entre les sexes que nous connaissons dans le monde, le déséquilibre dans l'accès des femmes à des terres fertiles reste sans doute le plus choquant », a indiqué Ibrahim Thiaw. « Aux quatre coins du monde, combler cet écart particulier entre les sexes reste une tâche inachevée ».
Selon M. Thiaw, l’accès des femmes aux terres n’est pas seulement une question de droit, c'est avant tout une question de dignité.
« Nous ne pouvons pas continuer à faire comme si nous avons une égalité entre les hommes et les femmes dans l'accès à cette ressource essentielle », a-t-il insisté au court de l'entretien.
« Nous n'atteindrons pas au bien-être que nous aspirons tous, qui est de veiller à ce que personne ne soit laissé pour compte, si nous n'arrivons pas à résoudre cette problématique », a conclu le chef du Secrétariat de la Convention sur la desertification.
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